mardi 29 mars 2011

Fleur du désert, un film et un combat




Le film


Ce film, sorti il y a un an , raconte l'histoire de Waris Dirie, célèbre top modèle. Une histoire qui peut sembler tirée d'un conte fée ou presque. Née en Somalie, Waris Dirie s'enfuit à l'âge de 13 ans afin d'échapper à un mariage forcé avec un homme de 65 ans. Elle va se rendre au péril de sa vie, jusqu'à Modagiscio où sa grand-mère va l'aider à quitter le pays. Pendant 6 ans, elle travaillera à l'ambassade de Somalie à Londres comme femme à tout faire. Traitée comme une esclave et coupée du monde extérieur, elle va se retrouver à la rue lorsque l'ambassade ferme suite à la guerre civile en Somalie. Livrée à elle-même, elle va survivre en travaillant dans un fast-food. Là, elle va être remarquée par un célèbre photographe de mode grâce auquel, après de multiples péripéties, elle devient un mannequin au succès grandissant. Au sommet de sa carrière, elle va pourtant révéler au monde une blessure secrète. En effet, lors d'une interview, elle raconte l'excision qu'elle a subie à 3ans. Touchée par son témoignage, la presse internationale, et puis l'ONU, vont relayer cette information.Waris Dirie s'est alors lancée dans un combat sans merci contre cette tradition brutale dont des milliers de petites filles sont les victimes chaque jour.

Un combat
L'excision est une mutilation sexuelle qui consiste en l'ablation du clitoris voire, dans certain cas, l'ablation des petites lèvres et la suture des grandes lèvres du vagin. L'excision est une pratique qui, actuellement, se déroule principalement dans des pays musulmans ( Somalie, Niger, afrique sub-saharienne, Egypte,...). Y-a-t-il donc un lien entre cette mutilation et l'Islam? Là, 2 écoles de pensée se contredisent. Selon la doctrine malikite, l'excision n'est indiquée nulle part dans le Coran. Il s'agit d'une tradition qui existait déjà avant l'Islam et donc, elle est le produit d'une culture et non d'une religion. Selon , le doctrine sunnite, on trouve plusieurs justifications de cette pratique dans le Coran. En effet, on peut lire ces Adith*:
Le prophète a dit à l’exciseuse : « Effleure et n’abuse pas, car cela rend le visage plus rayonnant et est plus agréable pour le mari. »
 "La circoncision est une tradition louable pour les hommes et un honneur pour les femmes" ( ce qui sous-entend, que la femme, tout comme l'homme, doit être "coupée").
Dans les sociétés qui infligent cette mutilation, les femmes sont considérées comme responsables de tout manquement à la morale ou aux bonnes moeurs ce qui justifie l'emploi de cette pratique. Dans la littérature juridique, on l'évoque sous le nom de  « khafdh » ou «  khifâdh » qui signifie l’affaiblissement du plaisir sexuel. C'est donc une façon de s'assurer que la femme ait un comportement sexuel qui n'aille pas en contradiction avec la morale et de l'assujettir à une société patriarcale.


 Waris Dirie se bat depuis longtemps contre cette torture répandue dans le monde entier. On estime en effet que , toutes les 11 secondes, une fillette subit une excision dans des conditions souvent dangereuses pour sa survie (lames rouillées, pas d'assistance médicale,...). Elle-même victime de ce traumatisme, l'ex top modèle a décidé de se consacrer corps et âme dans ce combat contre les mutilations sexuelles. En 2001, elle a sorti un livre intitulé "Fleur du désert" comme le film. De nombreuses associations et organisations telles que l'Unicef , l'Onu, etc.. l'ont soutenue dans cette démarche. La difficulté de ce combat réside dans fait que les familles sont complices et , donc, une approche législative n'est pas suffisante. C'est pour cette raison que de nombreuses campagnes d'informations et de sensibilisation sont organisées dans les pays où cette pratique est courante directement auprès de la population concernée. Le gouvernement des pays concernés par l'excision soutiennent cette lutte grâce à des initiatives au niveau de l'éducation  mais aussi via des mesures législatives et économiques (reconversion des exciseuses).
Au niveau international, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et l'Unicef intègrent ce combat dans leur programme. L'Unicef a , par ailleurs, fait du 6 février , ''la journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines. De nombreux traités internationaux incluent l'interdiction de ces mutilations. Par exemple : la convention sur les droits de l'enfant (CDE), la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination envers les femmes (CEDEF),...
 D'autres initiatives encourageantes sont également entreprises par certains responsables religieux, notamment en Egypte ou au Sénégal, qui ont innovés en s'opposant fermement à l'excision. De plus, ces religieux usent comme argument du fait que  l'islam impose une limite lorsqu'il y a un risque pour la personne concernée :
"Et ne vous jetez pas par vos propres mains dans la destruction" (Coran).


Malgré ces différentes initiatives, la lutte contre l'excision sera encore longue. En effet, elle suppose une révolution fondamentale des mentalités dans des régions où ces pratiques sont intensément ancrées dans la tradition. Dans ces sociétés, l'excision reste un sujet tabou et si on en parle, on jette le discrédit sur sa famille. C'est pourquoi , ils ne remettent pas cette tradition en question. De plus,il est impossible pour ces femmes de se rebeller sous peine d'être exclue de la société.
* Hadith =  http://www.islam-sunnite.com/article-10245881.html
Tout ce qui est rapporté du Prophète (saws) comme paroles, actions, acquiescements, ou caractéristiques (physiques, traits de caractères etc.). Ces informations forment ce que l’on appelle la sounna. Elles sont la deuxième source de législation dans l’islam après le Coran. Mais contrairement à ce dernier, la question de l’authenticité se pose.  
Pour en savoir plus :

1 commentaire:

  1. voilà, j'ai lu … ça reste tout aussi barbare que dans mes souvenirs, en espérant que ça change …
    gaby

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